Médecine générale : les internes en grève contre la réforme de l’internat
Table des matières
Une réforme contestée : l’internat en médecine générale en ébullition
Une quatrième année qui divise
La réforme imposant une quatrième année d’internat en médecine générale, prévue pour 2026, suscite une vive opposition de la part des internes. Présentée comme une « année de consolidation » avec un nouveau statut de docteur junior, cette mesure vise aussi à renforcer les compétences pratiques et à améliorer l’accès aux soins dans les zones sous-dotées. Cependant, les professionnels concernés dénoncent un projet mal préparé, aux contours flous et difficilement applicable dans les délais impartis.
Des promesses sans concrétisation
Malgré son adoption en 2022 dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale, aucune avancée significative n’a été réalisée en deux ans pour organiser cette réforme. Les terrains de stage nécessaires ne sont pas prêts, et les textes réglementaires indispensables demeurent absents. Cette inertie, aggravée par des changements gouvernementaux successifs, alimente la frustration des internes.
Des dysfonctionnements structurels
Des stages hospitaliers en décalage avec les objectifs
Initialement pensée pour se dérouler majoritairement en ambulatoire, cette quatrième année voit une part importante des internes affectée à des stages hospitaliers, faute de maîtres de stage universitaires (MSU) en nombre suffisant. À Paris, plus de la moitié des internes sont concernés par cette incohérence, une situation similaire à Lyon et Dijon. Cette inadéquation entre les objectifs affichés et la réalité des terrains de stage a cristallisé le mécontentement.
Un statut et une rémunération encore flous
Le statut de « docteur junior ambulatoire », pierre angulaire de la réforme, reste à définir. Actuellement, les internes seraient contraints de passer leur thèse pour y accéder, alors que les délais et les moyens pour valider cet examen sont déjà insuffisants. Par ailleurs, le débat sur la rémunération oppose les syndicats des internes aux doyens de médecine. Les premiers réclament un modèle mixte combinant salaire fixe et rémunération à l’acte, tandis que les seconds proposent un alignement avec les salaires des docteurs juniors hospitaliers, jugé inadapté par les internes.
Un appel à la mobilisation
Une grève pour faire pression
Face à ces incertitudes et au manque de concertation, l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) a lancé un appel à la grève pour le 29 janvier, accompagné d’une manifestation à Paris. L’objectif est clair : obtenir le report de la réforme afin de garantir sa mise en œuvre dans des conditions acceptables.
Un soutien élargi
Le mouvement dépasse désormais les seuls internes en médecine générale. D’autres spécialités, représentées par l’Isni, se joignent à la mobilisation pour réclamer un statut clair et une revalorisation des rémunérations pour l’ensemble des internes et docteurs juniors. Ce front commun témoigne d’une insatisfaction générale face aux conditions actuelles de formation et de travail.
Un avenir incertain
Une réforme à repenser
La nomination de Yannick Neuder en tant que ministre chargé de la Santé suscite des espoirs de stabilité politique pour débloquer ce dossier. Cependant, les internes restent déterminés : sans garanties concrètes, la mobilisation se poursuivra. Cette réforme, pourtant censée renforcer l’attractivité de la médecine générale et améliorer l’accès aux soins, risque de creuser encore davantage les fractures entre les professionnels de santé et les décideurs politiques.
Des enjeux cruciaux pour la formation des futurs médecins
Au-delà des revendications immédiates, cette contestation met en lumière des problématiques structurelles dans la formation des futurs médecins. Encadrement, rémunération, reconnaissance : autant de points qui devront être repensés pour répondre aux attentes des internes et aux besoins du système de santé français. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si cette réforme, actuellement décriée, pourra réellement répondre aux objectifs qu’elle s’était fixés.