Collège : la justice exige un nouveau texte pour les groupes de besoins

Un dispositif sous condition pour l’avenir des collégiens

La mesure visant à organiser des regroupements spécifiques en français et mathématiques au collège, initiée à la rentrée 2024, suscite des débats juridiques et politiques. Pour être reconduite à la rentrée 2025, une nouvelle étape réglementaire sera indispensable. Le Conseil d’État a statué : un décret du Premier ministre est nécessaire pour prolonger cette initiative. Une décision qui renvoie à des compétences législatives précises et qui pourrait reconfigurer l’organisation scolaire à moyen terme.

Clarification des rôles institutionnels

L’autorité administrative suprême a tranché : si le ministère de l’Éducation nationale peut définir les contenus pédagogiques, l’organisation même des enseignements relève du Premier ministre. Ce rappel des prérogatives a conduit le Conseil d’État à exiger un cadre réglementaire plus formel pour pérenniser ces regroupements scolaires, souvent appelés « groupes de besoins ». En attendant, la mesure reste applicable pour l’année 2024-2025, afin de ne pas perturber l’année scolaire en cours.

Des objectifs pédagogiques ambitieux

Ces regroupements, introduits par l’ancien ministre Gabriel Attal, visent à renforcer l’accompagnement des élèves en difficulté tout en stimulant les plus performants. Actuellement, ils concernent principalement les classes de sixième et cinquième, avec une extension envisagée en quatrième et troisième pour la prochaine rentrée. L’idée repose sur une différenciation pédagogique ciblée, avec une heure supplémentaire en mathématiques ou en français selon les besoins.

Une opposition syndicale et parentale

Le dispositif n’a pas fait l’unanimité. Plusieurs syndicats d’enseignants, comme le Sgen-CFDT, le Snes-FSU ou encore l’Unsa Éducation, ainsi que des associations de parents d’élèves et des parlementaires écologistes, ont saisi le Conseil d’État pour contester l’arrêté initial. Ils dénoncent notamment une mise en place précipitée et un manque de concertation. Parmi leurs griefs : une crainte d’étiquetage des élèves et une remise en question des principes d’égalité au sein du système éducatif.

Les implications pour la rentrée 2025

Avec l’exigence d’un décret pour poursuivre cette initiative, l’avenir des regroupements est incertain. Plusieurs facteurs entrent en jeu : la continuité politique, les priorités du gouvernement en place mais aussi les débats autour de l’efficacité réelle d’une telle organisation. Si aucune décision n’est prise d’ici à la rentrée 2025, ces groupes pourraient disparaître, laissant les établissements retourner à des pratiques pédagogiques plus classiques.

Les enjeux pour l’éducation

– **Assurer l’équité** : éviter que ces groupes ne favorisent une fracture entre élèves. – **Évaluer l’efficacité** : mesurer si ces regroupements améliorent réellement les performances. – **Préserver la cohérence** : garantir que la mise en œuvre respecte les orientations du système éducatif français.

Un débat qui se prolonge

Le recours à des regroupements différenciés en mathématiques et français met en lumière la tension permanente entre innovation pédagogique et cadre institutionnel. Si cette solution répond à des besoins clairs, elle pose aussi des questions fondamentales sur la gestion et l’organisation de l’enseignement. La balle est désormais dans le camp du gouvernement, qui devra trancher sur l’avenir de cette mesure d’ici quelques mois.