Comment concilier études et deuil : le témoignage poignant d’une étudiante
La traversée du deuil en milieu étudiant : un défi souvent méconnu
Les étudiants font face à des pressions multiples : exigences scolaires, insertion sociale, contraintes financières. Lorsqu’un deuil s’ajoute à cette équation déjà complexe, les conséquences peuvent être dévastatrices. Depuis la crise sanitaire, les témoignages se multiplient, révélant une souffrance silencieuse chez de nombreux jeunes.
Des parcours bouleversés par la perte d’un proche
Le décès d’un parent, d’un ami ou d’un proche peut profondément déstabiliser l’équilibre d’un étudiant. Certains, comme Léa ou Rhudiar, ont vu leur quotidien basculer brutalement. Léa, confrontée à la perte de sa mère, a poursuivi ses études en apparence, mais a rapidement réalisé que son esprit n’y était plus. Mémoire défaillante, troubles du sommeil, épuisement émotionnel : le corps et l’esprit finissent par dire stop. Pour elle, la solution est passée par une année de pause, bien qu’elle ait dû naviguer dans l’incertitude administrative avant d’obtenir un cadre clair. De son côté, Rhudiar, étudiant étranger, a dû faire face à l’impossibilité de rejoindre sa famille pour les obsèques de son père. Isolé en France et en difficulté financière, il a trouvé un soutien salvateur grâce à des structures dédiées et à l’accompagnement de son responsable de formation.
Des dispositifs encore trop rares et inadaptés
Les besoins des étudiants endeuillés sont multiples et variés. Pourtant, les solutions proposées restent souvent insuffisantes ou inaccessibles. Christine Lefrou, bénévole engagée dans l’accompagnement des jeunes en deuil, plaide pour des mécanismes mieux structurés et systématiques. Parmi les pistes envisagées figurent :
- La mise en place d’aménagements spécifiques pour les cours et les examens.
- La possibilité pour les étudiants de prendre une césure sans crainte de répercussions négatives.
- Un soutien psychologique adapté et disponible sur le long terme.
Un exemple concret : accorder un tiers-temps aux étudiants endeuillés, un dispositif déjà appliqué pour les personnes en situation de handicap, pourrait répondre à certains besoins urgents.
Le rôle crucial de l’entourage et des associations
Si les institutions ont un rôle à jouer, l’accompagnement humain est tout aussi vital. Les témoignages de Léa et Rhudiar montrent l’importance des soutiens individuels. Qu’il s’agisse de proches qui veillent à leur bien-être, de responsables pédagogiques attentifs ou d’associations comme Étu’Deuil, ces filets de sécurité sont indispensables. Certaines organisations, en plus de fournir un appui moral, aident également à résoudre des problèmes matériels. Dans le cas de Rhudiar, une assistante sociale a permis de stabiliser sa situation économique, tandis que des bénévoles lui offraient une oreille attentive et des conseils pour gérer son avenir académique.
Se reconstruire à son propre rythme
La réponse au deuil est profondément personnelle. Là où certains, comme Rhudiar, trouvent refuge dans une activité intense – études, sport ou sorties – d’autres, comme Léa, choisissent de ralentir, de se recentrer sur eux-mêmes et de chercher du réconfort dans des moments simples. Thérapie, lectures, loisirs créatifs ou simple repos : il n’existe pas de solution universelle. Christine Lefrou insiste sur ce point : chaque réaction est légitime. Il ne s’agit pas de juger mais de fournir un cadre et des ressources permettant à chacun de trouver sa propre voie pour faire face à l’épreuve.
Une prise de conscience nécessaire
Le deuil chez les étudiants est une problématique encore trop peu abordée. Pourtant, avec des initiatives ciblées et une meilleure sensibilisation, il est possible de leur offrir l’accompagnement qu’ils méritent. En reconnaissant leurs besoins spécifiques, en mettant en place des dispositifs concrets et en valorisant le rôle de l’humain, on peut espérer alléger le poids de cette épreuve pour les jeunes générations.
Numéros et ressources utiles
Pour ceux qui traversent une détresse psychologique liée au deuil, plusieurs lignes d’écoute peuvent être contactées à tout moment :
- Le 3114 : numéro gratuit, disponible 24h/24.
- SOS amitié : 09 72 39 40 50, également accessible en continu.
- Fil santé jeunes : 0 800 235 236, actif de 9h à 23h.
- Nightline : de 21h à 2h30.
- Le 15 : en cas d’urgence médicale ou psychologique.