Apprentissage : la progression ralentit en 2023, objectif non atteint
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Une mutation des profils dans l’apprentissage
Le paysage de l’apprentissage en France évolue. Les chiffres récents témoignent d’une transformation dans les profils des apprentis : ces derniers sont de plus en plus diplômés et plus âgés qu’auparavant. Ces tendances confirment une mutation amorcée il y a plusieurs années, bien que le nombre global de contrats tende à se stabiliser en 2023.
Montée en puissance des formations supérieures
Les formations du supérieur sont au cœur de la dynamique de l’apprentissage. Une majorité croissante des contrats signés concerne des étudiants poursuivant des études post-bac. En 2023, plus de 60 % des apprentis sont inscrits dans des cursus supérieurs, avec une progression particulièrement marquée pour les niveaux master et plus (bac+5 et au-delà). Les formations de niveau bac+2, comme les BTS, enregistrent également une légère hausse.
- 21 % des nouveaux contrats concernent des formations de niveau bac+5 ou plus.
- Les formations bac+2 représentent 22 % des entrées en apprentissage.
Cette montée en gamme des qualifications traduit à la fois une adaptation aux besoins du marché du travail et une perception grandissante de l’apprentissage comme une voie d’excellence.
Un apprentissage qui séduit les plus âgés
Le profil type de l’apprenti de moins de 18 ans tend à devenir minoritaire. Les données montrent une chute significative de la part des jeunes de 15 à 17 ans parmi les entrants en apprentissage. Désormais, la majorité des apprentis ont plus de 20 ans. Cette évolution reflète un changement dans les parcours éducatifs, où l’apprentissage devient une option pour des étudiants déjà engagés dans des études supérieures ou pour des adultes en reconversion.
- En 2018, 35 % des apprentis avaient moins de 18 ans ; cette proportion est tombée à 21 % en 2023.
- Les 20-25 ans représentent aujourd’hui la tranche majoritaire, avec 57 % des nouveaux contrats.
Une progression inégale selon les profils
Si l’apprentissage semble se diversifier, des disparités persistent. Les hommes restent majoritaires parmi les apprentis, bien que leur part diminue légèrement au fil des ans. Les femmes, après une progression notable, semblent atteindre un plateau. Quant aux jeunes issus des quartiers prioritaires ou les personnes en situation de handicap, leur proportion reste stable, sans véritable avancée.
Une mixité en demi-teinte
Bien que les femmes aient gagné du terrain dans l’apprentissage ces dernières années, leur progression semble s’essouffler. Elles représentent désormais 45 % des nouveaux contrats, une proportion en hausse par rapport à 2018, mais inchangée depuis 2022.
- Les hommes représentent 55 % des contrats signés en 2023.
- La proportion de femmes apprenties a augmenté depuis 2018 (34 %), mais stagne depuis deux ans.
Des groupes spécifiques en marge
Certaines catégories de population restent sous-représentées dans l’apprentissage. Les jeunes issus de quartiers prioritaires ne représentent que 8 % des contrats, un chiffre inchangé depuis 2021. De même, les apprentis en situation de handicap représentent une part marginale (2 %), sans progression notable.
Enjeux et perspectives
Ces évolutions posent des questions importantes pour les politiques publiques en matière d’éducation et d’emploi. Alors que l’apprentissage devient une voie prisée par les étudiants du supérieur, il est crucial de veiller à ne pas marginaliser les jeunes moins qualifiés ou issus de catégories défavorisées. Par ailleurs, les incertitudes budgétaires autour du financement de l’apprentissage pourraient freiner cette dynamique. Les mesures prévues par le précédent gouvernement, notamment une réduction des financements, restent en suspens. Ces décisions pourraient avoir un impact significatif sur la capacité de l’apprentissage à poursuivre sa transformation et à s’adresser à un public toujours plus diversifié.